Suse STOISSER

omnia - vincit - amor

Du 15 juillet au 15 octobre, l’association « Les Marbrières de Caunes » accueille dans le cloître de l’Abbaye l’exposition omnia - vincit – amor, de Suse Stoisser, artiste autrichienne vivant à Cadaques en Catalogne.

Suse Stoisser crée d’étroites plaques d’acier et d’aluminium, laquées et partiellement peintes, dans lesquelles sont découpés des fragments de silhouettes.

Ces compositions d’environ deux mètres de haut associent des références picturales de l’histoire de l’art à des fragments d’impressions visuelles de notre quotidien. La présence des contrastes ainsi créés reflète le processus permanent d’une transformation des représentations de nos valeurs et priorités.

Les interprétations du mot « amor » sont multiples. Dans l’art classique <amor> était symbolisé par Cupidon. Dans le domaine de la biologie et de la théologie <amor> est un élément nécessaire à la procréation. D’un point de vue philosophique <amor> est un concept universel des rapports entre les humains. L’interdisciplinarité scientifique produit une nouvelle information. Le principe <amor> comme condition existentielle de la sexualité et de la reproduction perd son monopole et est ainsi remis en question. Comment notre sensualité s’en trouve-t-elle modifiée ?

Le contenu des œuvres exposées à Caunes sur le thème « Progrès/Progresser » coïncide avec celui de la chanson de Laurie Anderson « Walking and falling at the same time », *Musik Loop.

Ces réalisations sont le prolongement d’un ensemble d’œuvres précédentes commentées par Lee B. Brown et Vicenç Altaió

Vicenç Altaió :

… L'art de Suse Stoisser, issu d'une tradition esthétique, utilise la tutelle de l’art d’avant-garde avec une sensibilité empreinte de mélancolie pour fusionner l'art, la nature et le Moi. Elle oppose à l'angoisse et au nihilisme une forme d’art sensible et autonome toujours possible.

Dans son travail elle associe la sculpture et les surfaces en 2 dimensions, de même, inversement, elle intègre le dessin dans un concept de sculpture à trois dimensions. La fragilité du dessin, qu’elle colorie ensuite en partie, se trouve dans un jeu d’alternance avec la puissance physique de la sculpture. Le mérite artistique de Stoisser consiste à donner à la notion de Vide une valeur figurative.

Le Vide de la silhouette n’est pas l'absence d'un réel visible, mais bien une « absence pleine ». Il représente à la fois le Vide et le Plein auxquels nous sommes confrontés face à l’art. La réponse à cette question philosophique se trouve dans le regard. Le travail de Stoisser doit être « regardé ». …

… La représentation de l’amour fait partie des grands thèmes artistiques, cette entreprise audacieuse fait sauter et dépasser les frontières. … Dans une création antérieure « Maja Vacia » [la femme vide] Stoisser crée son propre modèle comme une vision du monde. Ce débat intérieur ouvre une nouvelle perspective de l’esthétique artistique.

Sur la technique de Suse Stoisser à propos de l’œuvre « Maja Vacia », Lee B. Brown écrivait :

… Dans une lettre de 1549, Michel-Ange définit la notion de sculpture comme l'art « d’enlever ». De ce fait sculpture et ciselage présentent, de son point de vue, un avantage sur le modelage de la terre, qui se définit par le fait « d’ajouter ».

 

Les travaux de Stoisser peuvent être considérés comme une variante moderne de cette conception, avec une restriction toutefois : ce qui est « enlevé » n’est pas considéré comme espace purement négatif, mais reste tout de même perceptible comme un espace vivant.